City of repair: Practicing the future in Mexico City

Cet essai est basé sur une recherche ethnographique à long terme dans la ville de Mexico, et se concentre sur une épistémologie de la rue qui implique que les chercheurs s’immergent dans la vie matérielle de la rue pour explorer les relations entre le corps, la maison et la rue dans la réparation constante de la (future) ville. Mexico n’est pas une ville dominée par des planificateurs, des experts ou des travailleurs sociaux professionnels, mais plutôt un endroit où tout le monde sait que la perfection est inatteignable et que la réparation constante de soi-même, de la ville et des objets qui constituent la vie quotidienne rend la vie possible ici. La ville est en construction permanente, peuplée de travailleurs qui détruisent et reconstruisent, et de réparateurs de toutes sortes : mécaniciens au bord des routes, infirmières qui vérifient la tension artérielle et proposent des vaccins contre la grippe dans le métro, herboristes qui vendent leurs médicaments sur les trottoirs, « bone setters » qui proposent des services d’ostéopathie dans la rue, pharmacies improvisées, vendeurs de pièces détachées de voitures d’occasion, producteurs de jus anti-grippe, et cabinets d’intercession avec les anges. Dans la « ville de la réparation », des futurs différents mais interdépendants sont pratiqués. Il y a l’avenir imaginé et construit par des professionnels en quête de perfection et de manifestations de politiques aspirationnelles. Il y a aussi l’avenir imaginé et pratiqué par la grande majorité des citadins, un avenir pragmatique ancré dans le « ici et maintenant » de la réparation constante et dans la recherche constante de solutions aux imprévus, une forme politique d’anticipation.