Creative hubs in Hanoi, Vietnam: Transgressive spaces in a socialist state?

La capitale du Viêt Nam a récemment été témoin de l’émergence d’un nouveau type d’espace culturel qui s’apparente à ce que l’on a appelé les pôles créatifs dans d’autres contextes : c’est-à-dire des lieux qui favorisent la création, la collaboration, l’engagement de la communauté et le développement des entreprises dans le secteur culturel. Au cours des années 2010, Hanoi a connu une prolifération de centres créatifs à petite échelle, axés sur l’art, la plupart d’entre eux étant dirigés par la communauté et développés sans financement de l’État. Dans un contexte marqué par un gouvernement historiquement méfiant à l’égard des arts contemporains et expérimentaux, ces espaces sont confrontés à diverses formes de contrôle de l’État, allant de la censure des événements à de lourdes amendes, voire à la fermeture. Malgré ces obstacles, les hubs créatifs sont devenus des sites importants pour le rassemblement et la formation de la scène artistique contemporaine et des contre-cultures de Hanoi. Sur la base de plus de 80 entretiens menés en 2019, cet article étudie les motifs qui sous-tendent l’essor de ces espaces à Hanoï et les techniques d’engagement politique que leurs fondateurs, opérateurs et utilisateurs emploient pour rester en activité. En s’appuyant sur la notion de « politique de vie informelle », nous soutenons que les hubs créatifs cherchent à fournir des espaces d’autonomie (partielle) par rapport à la gouvernementalité à Hanoï. Nous constatons également que les artistes, les intellectuels et les autres personnes créatives utilisent ces espaces pour contester les contrôles de l’État. Ils ne le font pas en faisant pression sur les institutions formelles pour obtenir des changements de politique, mais plutôt en mettant en place le milieu socioculturel plus ouvert et plus libre qu’ils recherchent, à partir de la base.